Faux amis n°1 : l’objet fictif
En préface de l’essai des documents poétiques de franck leibovici, Christophe Hanna, directeur de la collection, pose la question suivante : « quel espace de compréhension neuf s’ouvre à l’esprit lorsqu’est effectué le rapprochement des termes “document” et “poétique” ? » Je détourne la formule de l’auteur du livre-enquête Argent à mon compte pour l’adapter ainsi : quel espace de compréhension neuf s’ouvre à l’esprit lorsqu’est effectué le rapprochement des termes “objet” et “fictionnel” ?
Pour commencer, une chose matérielle peut-elle être fictive ?
On pourrait croire que non, et en fait, non. Simplement parce qu’une chose matérielle nécessite de la matière, tandis qu’une chose fictive est une chose d’esprit, imaginaire. Donc une chose matérielle fictive n’est pas une chose matérielle mais la représentation d’une chose matérielle.
En revanche, une chose matérielle peut-elle être fictionnelle ?
Oui ! Car l’adjectif “fictionnel” en lieu et place de “fictif” ne dit pas que l’objet est une pure construction imaginaire, mais qu’il tient à la fois une existence matérielle et un enracinement dans un univers de fiction, et qu’il est, par extension, producteur de fiction.